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- Madat Babayan, 72 ans appelle sa famille: « Envoyez un chapeau chaud, il fait froid » (Presse)
Un prisonnier de guerre arménien appelle sa famille de Bakou : « Envoyez un chapeau chaud, il fait froid » Hier, Madat Babayan, 72 ans, un résident d'Artsakh retenu captif pendant plus d'un an, a appelé sa famille depuis sa cellule de prison, demandant un chapeau chaud en raison du froid, selon son petit-fils, Alen Babayan. La famille, par l'intermédiaire de la Croix-Rouge, envoie périodiquement de petits paquets d'articles essentiels comme des cigarettes, des bonbons et des vêtements chauds. Ils attendent maintenant la prochaine occasion d'envoyer des fournitures, a rapporté le service arménien RFL/RL. Madat, originaire du village de Getavan à Martakert, a été capturé peu de temps après l'entrée des forces azerbaïdjanaises dans le village au début des hostilités renouvelées en septembre de l'année dernière. Moins d'un mois après sa capture, les autorités azerbaïdjanaises avaient construit une affaire contre lui, l'accusant d'être impliqué dans les événements de Khojaly de 1992. Dans une vidéo publiée par l'Azerbaïdjan, Madat apparaît, pointant du doigt des endroits où il aurait "organisé le meurtre de 150 Azerbaïdjanais et montré où ils étaient enterrés". La famille, cependant, insiste sur le fait que Madat Babayan n'a jamais été un soldat et n'a jamais participé au combat. « Notre grand-père était un éleveur avec de graves problèmes de santé, et il n'a joué aucun rôle dans les activités militaires ou les conflits », a déclaré Alen Babayan, ajoutant que les détenus dans de telles conditions sont souvent obligés de dire ce que leurs ravisseurs exigent.
- "Pourquoi toi, tu es revenu, et pas lui ?" (Libertas)
L'histoire du prisonnier de guerre Hrayr Herabyan racontée par son épouse Aline qui élève seule leurs deux filles. Des enfants jouent à chat sous le regard amusé de leur mère et des voisins venus boire le café, une vieille dame ramasse les mauvaises herbes dans son potager, et deux garçons passent à vélo en saluant tout ce petit monde. A première vue, rien ne laisse présager qu’un drame sourd pèse depuis deux ans et demi sur la famille des Herabyan, originaire du village de Goghovit (Chirak). Mobilisé lors de la seconde guerre d’Artsakh, Hrayr, 28 ans, a été fait prisonnier avec une soixantaine de soldats de son unité, quelques jours après la signature de l’accord de cessez-le-feu du 10 novembre 2020. Par la suite, il a même été condamné à six ans de prison par la justice azerbaïdjanaise avec treize de ses camarades. Nous avons rencontré sa femme, Aline, pour mieux comprendre l’épisode douloureux que traverse ce foyer habitué à une vie plus paisible. Pouvez-vous nous présenter brièvement votre famille ? Aline Vardanyan (A. V.) – Hrayr et moi avons deux filles, Syuzi et Anahit, qui ont cinq et dix ans. Je suis originaire du village de Moussayelian, au sud d’Ashotsk, à une dizaine de kilomètres d’ici. Actuellement, nous vivons dans la maison paternelle de Hrayr, avec ses parents et ses deux frères. Avant la guerre, Hrayr et moi avions acheté une maison dans le village et nous devions nous y installer à l’automne 2020. Que faisait votre mari avant la guerre de 2020 ? A. V. – Il travaillait dans l’agriculture et l’élevage avec son père et ses frères. Il n’a pas fait d’études supérieures. Après avoir terminé l’école, il est parti faire ses deux ans de service militaire en Artsakh, à Askeran. A part ça, il aime bien faire de la mécanique sur sa voiture ou celle de son père, et il rend service à des gens à l’occasion. Comment décririez-vous sa personnalité ? A. V. – C’est un homme tranquille, sincère, sensible et parfois émotif. Parlez-nous de sa mobilisation au moment de la guerre des 44 jours… A. V. - Il est parti le 27 novembre avec une unité composée d’hommes de la province du Chirak. Ils ont été envoyés dans les villages de Khtsaberd et Hin Tagher (en Artsakh) . Pendant la guerre, on s’appelait quasiment tous les jours. Il ne disait pas grand-chose sur les opérations militaires, mais il répétait que leur présence n’avait pas de sens car il n’y avait pas de combats là où ils étaient. Comment avez-vous découvert qu’il a été fait prisonnier ? A. V. – Le jour où c’est arrivé, je lui avais parlé au téléphone dans la matinée. Il s’apprêtait à descendre au village à cheval pour rapporter des vivres pour les soldats. Il m’a montré les positions des Azéris sur le sommet d’en face. Elles étaient très proches. Il a dit qu’il me rappellerait dans la soirée. Mais il n’a jamais rappelé. J’ai alors appelé l’oncle de Hrayr, qui servait dans la même unité, mais ce sont des Azéris qui ont répondu. Et on a compris qu’ils avaient été faits prisonniers. C’est un miracle qu’ils n’aient pas été tués. Actuellement, avez-vous la possibilité de communiquer avec lui ? A. V. – Nous pouvons lui parler par l’intermédiaire de la Croix-Rouge, tous les 40 jours environ. En ce moment, il ne va pas bien du tout. La dernière fois que je lui ai parlé, il était encore plus déprimé et désespéré qu’avant. Il faisait de la peine à voir, il arrivait à peine à parler. Comme je vous l’ai dit, il est parfois émotif et dans ces conditions, il arrive difficilement à se maitriser. Quand je lui dis qu’il faut patienter encore un peu, qu’il va bientôt revenir, il me répond : « Non, on vous raconte des histoires, ne vous laissez pas berner. Il n’a plus aucun espoir». En ce qui concerne les conditions de détention, il m’assure que tout est normal. Dans les lettres qu’il nous envoie, il ne peut pas dire grand-chose, parce qu’elles sont relues là-bas et ici. Quelles sont les organisations qui vous aident dans vos démarches pour sa libération ? A. V. – En ce moment, seule la Croix-Rouge nous aide. Les avocats font leur travail, mais ça ne donne pas de résultats. Le plus dur, c’est pour les enfants. Leur père leur manque. Il aurait fallu rapatrier en premier les soldats qui ont des enfants. Car ce n’est pas possible de répéter les mêmes promesses indéfiniment. Personnellement, je ne crois pas que les efforts du gouvernement vont aboutir à leur libération. Nous n’attendons des résultats que des organisations internationales. Comment vos enfants vivent-ils cette situation ? A. V. – C’est très difficile pour ma grande fille. Elle est devenue très agressive. Avec son père, elle était différente. La petite avait deux ans quand Hrayr est parti mais maintenant, elle commence à mieux comprendre ce qui se passe. Une nuit, elle s’est endormie avec sa photo contre sa poitrine. Une autre fois, il y avait une rencontre au village avec un des soldats revenus de captivité. Ma petite est allée le voir et lui a demandé : « Pourquoi tu n’as pas ramené mon papa ? Pourquoi toi, tu es revenu, et pas lui ? » Et ce soldat s’est mis à pleurer. Où trouvez-vous la force de surmonter cette épreuve ? A. V. – Ce sont mes enfants qui me donnent la force de résister. C’est pour eux que je vis. Pareil pour mes beaux-parents : ils font tout pour que les enfants ne sentent pas l’absence de leur père. On sait que Hrayr va revenir un jour, mais on ne sait pas quand ce jour viendra. Nous pensons à lui jour et nuit, nous ne savons pas quoi faire. Notre seul espoir est en Dieu. Propos recueillis par Achod Papasian
- L’éternel exil de Ludwig Mkrtchyan du Nakhitchevan à l’Artsakh (Libertas)
“Parfois, on aimerait se laisser aller, être enlacée et aimée. Mais je dois être forte pour mes enfants” Ludwig Mkrtchyan a été fait prisonnier le 12 octobre 2020 pendant la guerre des 44 jours en Artsakh. À partir de ce jour-là, sa famille n’a plus eu contact de avec lui. Suite au cessez-le-feu du 9 novembre 2020, la déclaration tripartite prévoyait un échange de tous les prisonniers de guerre. Ludwig, contrairement aux autres prisonniers capturés avant le 9 novembre 2020, n’a pas été remis à l’Arménie. Plus encore, un tribunal azéri l’a condamné à 20 ans de prison, la peine la plus lourde. Et pourtant, ce n’est pas un militaire de carrière ou un haut gradé. Il s’est engagé en tant que réserviste pour ne pas perdre l’Artsakh arménien, comme le Nakhitchevan, une autre région autonome arménienne placée au sein de l'Azerbaïdjan soviétique, a été perdu. Contrairement à l’Artsakh, le Nakhitchevan a été vidée de sa population arménienne à l’époque soviétique. Ludwig sait bien ce que c’est que de perdre sa patrie, sa maison. Il est né en 1969 au Nakhitchevan, dans la ville d’Aznaberd, la dernière ville arménienne à se vider de sa population arménienne. Aznaberd avait plusieurs églises médiévales : le monastère Saint-Tovma (X s.), les églises Saint-Hovhannes (XII s.) et Saint-Grigor (XII s.), la chapelle Saint Hakob. Elles ont toutes été détruites entre 2001 et 2011 de façon délibérée par les autorités azéries dans leur politique d'effacement de toute trace arménienne au Nakhitchevan, en Artsakh et dans les autres parties du territoire actuel de l’Azerbaïdjan. Peu après sa naissance, la famille de Ludwig a fui d’Aznaberd à Yeghegnadzor en Arménie. Comme sa famille était modeste, ils n’ont pu que trouver une maison à moitié construite pour y vivre. Ludwig a passé toute sa vie à essayer de réparer la maison et à créer de bonnes conditions de vie pour sa famille. Son grand rêve était d'avoir sa propre maison un jour. Ce rêve est devenu un objectif lorsqu'il a épousé Hranoush : ils souhaitaient tous les deux que leurs enfants grandissent dans leur propre maison, sans jamais avoir peur d'être sans abri et de se retrouver à la rue. Après de nombreuses années de travail, Ludwig et sa femme Hranoush ont enfin pu acheter un appartement grâce à un prêt bancaire… Mais Ludwig n'a même pas pu vivre dans son appartement de rêve pendant un an. Le 27 septembre 2020, lorsque l'Azerbaïdjan a déclenché une guerre le long de toute la frontière de l'Artsakh, et comme de nombreux Arméniens, Ludwig, traumatisé par la perte de sa patrie au Nakhitchevan, a rejoint la défense de l'Artsakh. « On nous a dit qu'il était mort... Que son corps n'était pas là... Les voisins sont venus exprimer leurs condoléances, mais je ne comprenais pas pourquoi. Mes deux enfants et moi n'arrivions pas à accepter cette information », souligne son épouse Hranoush. La fille de Ludwig, Svetlana, passait ses jours à regarder des vidéos et des photos sur les chaînes Telegram azerbaïdjanaises, à la recherche de son père ou, aussi douloureux que cela puisse paraître, de son corps... A l’époque, les Azéris mettaient en ligne beaucoup de vidéos de tortures et de captures des Arméniens. « Elle n'avait plus peur. Elle avait vu tant de traitements inhumains et cruels sur internet. C’est comme si son cœur s'était glacé... C’est le 13 novembre qu’elle a vu une vidéo où nous avons reconnu Ludwig », explique Hranoush. Puis c’est le Comité international de la Croix-Rouge qui a confirmé que Ludwig était en effet en captivité en Azerbaïdjan. Lorsqu'on lui demande de décrire Ludwig en une phrase, Hranoush répond : « Un Homme avec un grand H ». Il y avait d'autres prisonniers avec Ludwig qui sont déjà rentrés chez eux. Beaucoup d'entre eux, lorsqu'ils sont revenus en Arménie, ont rendu visite à la famille de Ludwig et leur ont exprimé leur gratitude, en disant qu'ils n'avaient jamais rencontré une personne aussi gentille et attentionnée que lui et que sans Ludwig, ils n'auraient probablement pas eu la force nécessaire de surmonter de telles épreuves. " Il les a beaucoup aidés, les a protégés, les a soutenus psychologiquement. Sur son lieu de travail, avec son entourage, partout, Ludwig était une personne modeste. S'il le pouvait, il aidait les gens, s'il ne le pouvait pas, il ne dérangeait pas. La famille était la chose la plus importante pour lui. Nous travaillions tous les deux et, en fait, nous avons toujours connu des difficultés financières dans tous les domaines de la vie. Ludwig a d'abord travaillé comme cordonnier, puis comme maçon, et je suis une personne handicapée. Bien que j'aie presque toujours travaillé, nous n'avons jamais eu des salaires élevés. Nous passions des journées entières à nous soucier de notre famille et à prendre soin de nos enfants. C'est une personne très altruiste. Parfois, lorsque nous cuisinions de bons plats ou achetions quelque chose de spécial et que nous gardions une portion pour qu'il mange lorsqu’il rentrait à la maison, il disait : "Je n'en veux pas, laisse les enfants le manger." Dans toutes les situations, il se privait de tout et disait : "Il vaut mieux dépenser cet argent pour les enfants ", raconte sa femme. Au début, Hranoush avoue avoir été complètement perdue et en dépression profonde, car elle a dû s’occuper de la famille toute seule. Un jour, son fils de 14 ans lui a demandé : " Maman, avons-nous de l'argent pour acheter du pain ?". Cette question a ramené Hranoush à la réalité. Elle s’est ressaisie et a découvert en elle une force dont elle n'avait aucune idée auparavant. Secrètement, loin des enfants, elle se rend dans la salle de bains et lit les lettres de Ludwig que le Comité international de la Croix-Rouge lui remet, essayant ainsi d'apaiser sa nostalgie. Elle pleure dans la salle de bains, revit ces moments, puis sèche ses larmes, se lave le visage et sort pour que les enfants ne la voient pas faible et sans défense. Plus de vingt ans de mariage n'ont pas affaibli leur amour l'un pour l'autre. Au contraire, leur amour est plus fort que jamais. Aujourd'hui, Hranoush s'occupe de tout, du prêt bancaire, des enfants et essaie de faire tout ce qui est en son pouvoir pour que leurs enfants n’aient jamais honte et ne ressentent jamais l'absence de leur père. Sa famille ne reçoit qu'occasionnellement un soutien ponctuel de personnes ou d'organisations bienveillantes, que la famille utilise pour rembourser le prêt immobilier. Le fils va terminer ses études cette année. Hranoush essaie de faire tout son possible pour pouvoir offrir à son fils une formation dans une école de médecine. La fille étudiait également à l'université, dans le département de vinification, mais elle n'a pas pu poursuivre ses études, car c'était au moment où son père a été capturé et où sa famille traversait une période difficile, tant sur le plan psychologique que financier. " Je n'avais aucune idée que j'avais autant de force en moi. Il est très difficile d'être une femme seule avec deux enfants. Par exemple, lorsque ma fille s'est fiancée, j'avais vraiment envie que mon mari soit à mes côtés. Selon la tradition arménienne, c'est le père de la fille qui sert le cognac lors des fiançailles. Dans notre cas, nous avons confié cette responsabilité à mon fils. J'imagine le futur mariage de ma fille, je pense au moment où ils annonceront que les parents doivent entrer dans la salle, comment vais-je y entrer seule ? Comment vais-je y entrer en tant que mère, père ou seul parent ... C'est très triste pour notre vie de famille. Parfois, on aimerait se laisser aller, être enlacée et aimée. Mais je dois être forte pour mes enfants... Ludwig n’avait pas l'habitude de faire de grandes déclarations d'amour. Il était très réservé et modeste. Il ne m'a dit qu'une seule fois qu'il m'aimait, lorsque nous devions nous marier. Et maintenant, il écrit dans chaque lettre : Je t'aime, tu me manques. Je pensais que tu étais à mes côtés depuis si longtemps sans me dire que tu m'aimes, et maintenant toute l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont appris que tu m'aimes (rires)... C’est la seule chose positive dans tout cela ", dit Hranoush. Ludwig Mkrtchyan a été condamné à 20 ans de prison en Azerbaïdjan, dont 10 ans dans une colonie pénitentiaire sous régime strict. Chaque mois, le Comité international de la Croix-Rouge organise un appel téléphonique entre la famille et Ludwig et leur montre également des vidéos. Ni ses avocats en Arménie, ni la Croix-Rouge, ne savent pourquoi il a été condamné à 20 ans de prison. Ludwig, ce témoin vivant du nettoyage ethnique du Nakhitchevan arménien, qui est en train de se répéter désormais en Artsakh.
- La ville de Valence parraine Hrayr Herabyan, l'un des prisonniers de guerre arméniens (Libertas)
Krikor Amirzayan En Mairie de Valence, Nicolas Daragon, Maire de Valence, a signé le 18 juillet 2023 l’acte de parrainage du prisonnier de guerre Arménien Hrayr Herabyan, actuellement encore détenu de manière abusive par l’Azerbaïdjan. Cette cérémonie a été organisée avec le collectif Libertas qui mène une campagne pour la libération des prisonniers de guerre arméniens détenus abusivement par Bakou. Le collectif Libertas était représenté à Valence par Hilda Tchoboian du centre Covcas. Dans son discours, Nicolas Daragon a rappelé la situation en Arménie et en Artsakh avec l’agression azérie, ainsi que le sort des prisonniers de guerre arméniens. Michel Valla, Maire de Privas (chef-lieu de l’Ardèche), venu en ami de l’Arménie, a également témoigné sur la lutte des Arméniens pour leur dignité. « Et même si les médias ne s’intéressent que très peu à l’Arménie, il est de notre devoir de rappeler à chaque fois le sort de ces Arméniens agressés sur leurs terres » a dit Michel Valla. Hilda Tchoboian a quant à elle énuméré les villes et régions qui avaient déjà parrainé l’un des 33 prisonniers de guerre arméniens. Elle a affirmé qu’il reste, au-delà de ces 33 prisonniers officiels, plus de 200 soldats, combattants ou civils arméniens enlevés par l’Azerbaïdjan et dont on est toujours sans nouvelle. Il s'agit des "disparus de force". Bakou n’ayant pas signalé leur présence, alors que la partie arménienne dispose des preuves de leur enlèvement ou de leur détention illégale par l’Azerbaïdjan. « Après les prisonniers de guerre arméniens répertoriés, le collectif Libertas engagera également un action pour ces 200 disparus de force et dont on est sans trace » a-t-elle ainsi dit-elle.













